A l'orée du Verger
11.6.16Tracy Chevalier et moi, c'est une longue histoire. A force d'entendre partout que La jeune fille à la perle est "un roman à lire absolument", j'avais de moins en moins envie de le lire ( Pa-ra-do-xal). Puis une fois, j'errais dans une librairie et qu'est ce que je vois coincer sur une étagère ? - entre un dictionnaire de la Rome Antique et ce roman, mon coeur a vite tranché. Il me faut vous préciser, que je n'ai pas eu trop de remord à le choisir : j'arrivais en Histoire de l'art et Vermeer était ou serait au programme - toutes les excuses sont bonnes. Après l'avoir lu, ce fut la révélation : on tourne les pages et on se plonge immédiatement dans l'histoire. L'auteur m'avait transporté au siècle des peintres flamands. Aujourd'hui encore, je découvre sa bibliographie mais je peux vous l'assurer : Tracy Chevalier est entrée dans mon panthéon de mes auteurs favoris. Je remercie vivement le service de communication Anne & Arnaud pour l'envoi de cet ouvrage, j'ai été ravie de chez ravie, mille mercis. Ce roman a été lu dans le cadre d'une lecture commune avec Les petites lectures de Scarlett et je ne pense pas mentir ou trop m'avancer en disant qu'elle partage mon coup de coeur pour ce nouveau roman.
Tracy Chevalier { Quai Voltaire - La table ronde } 2016 336 pages { langue française } 22,50 euros En 1838, dans l’Ohio, les fièvres ne font pas de cadeau. À chaque début d’hiver, James Goodenough creuse de petites tombes en prévision des mauvais jours. Et à chaque fin d’hiver, une nouvelle croix vient orner le bout de verger qui fait péniblement vivre cette famille de cultivateurs de pommes originaires du Connecticut. Mais la fièvre n’est pas le seul fléau qui menace les Goodenough : l’alcool a fait sombrer Sadie, la mère, qui parle à ses enfants disparus quand elle ne tape pas sur ceux qui restent ; les caprices du temps condamnent régulièrement les récoltes de James, et les rumeurs dont bruisse le village de Black Swamp pointent du doigt cette famille d’étrangers. Heureusement, la visite de John Chapman, figure majeure de l’introduction des pommiers dans l’Ohio, la saveur d’une pomme mûre à point et la solidarité qui peut unir deux enfants partageant le même sort éclairent parfois l’existence de Martha et Robert Goodenough. Des années et un drame plus tard, frère et sœur sont séparés. Robert a quitté l’Ohio pour tenter sa chance dans l’Ouest. Il sera garçon de ferme, mineur, orpailleur, puis il renouera avec l’amour des arbres que son père lui a donné en héritage. Au fin fond de la Californie, auprès d’un exportateur anglais fantasque, Robert participe à une activité commerciale qui prendra bientôt son essor : il prélève des pousses de séquoias géants pour les envoyer aux amateurs du Vieux Monde. Auprès de Molly, cuisinière le jour, fille de joie la nuit, il réapprend le langage de la tendresse. De son côté, pendant toutes ces années, Martha n’a eu qu’un rêve : quitter sa prison mentale de Black Swamp et traverser les États-Unis à la recherche de son frère |
Elles ont la réputation du fruit défendu, elles sont immortalisées dans les tableaux des plus grands, elles ont le goût du souvenir sur les bancs de l’école, l’odeur caramélisée de la compotée : qu’elle soit en tarte ou en cidre, la pomme est le fruit emblématique de la maison.
Fruit de la discorde et du péché, la pomme chez les Goudenough est une question de famille. Elle divise, elle rassemble : elle ne laisse pas indifférent.
Tracy Chevalier avec A l’orée du verger nous livre une cagette d’émotions et un voyage d’Est en Ouest dans l’Amérique des premiers pionners. A travers une famille, le lecteur se plonge dans l’Amérique des orpailleurs, des parcs naturels de l’Ouest américain et découvre le destin d’un jeune ambitieux : Robert, noyé dans la masse de ses chercheurs de « vie meilleure ».
Pourri par une mère capricieuse, chéri par un père qui lui a transmis le goût du bien faire, Robert nous partage son parcours d’homme à la recherche d’une vocation mais pas que...
A l’orée du verger est la mémoire de cette famille partie de rien, qui doit tout construire dans ces terres capricieuses, difficiles à dompter de l’Ohio. Au delà de suivre un homme, on suit le désespoir d’une famille qui semble bloquer dans le Black Swamp et où les fièvres des marais emportent les plus faibles mais laisse l’espoir que demain sera meilleur. Tracy Chevalier construit un roman en deux temps : dans un premier temps, celui des vergers de l’Ohio avec cette famille divisée où les personnalités les plus différentes nourrissent espoir, rancoeur et dans un deuxième temps, le départ de Robert pour une nouvelle vie : la sienne.
Par des ellipses, l’auteur revient sur ce passé qui a fait de notre personnage un homme et sur cet événement qui a fait basculer le destin de la famille.
Telle une pomme mature qui tombe d'un arbre meurtri par la chute, nos personnages se confrontent à la rudesse de la vie comme du terrain. Une famille haute en couleur, passionnée par le voyage mais qui n'arrive pas à s'acclimater. Car contrairement à un arbre, l'homme est l'être le plus sauvage, la plus vivace des plantes : l'humain pense et rêve d'ailleurs.
A l’orée du verger est unique dans cette manière d’aborder les événements mais aussi par les moments de vie, par ces instants où le lecteur est dans la peau de Sadie la mère et qu’elle nous livre ses émotions.
Sadie est un personnage clé de l’histoire, qu’on l’apprécie ou non, elle représente les origines, les difficultés. Teinté parfois d’un spiritualisme proche du gourou, sa vulgarité, son empressement à faire souffrir cache le désarroi d’un être bloqué au milieu des pommiers et qui paradoxalement étouffe dans cet espace vert.
A travers des rencontres, des lettres, Tracy Chevalier parle sans langue de bois de ces faiseurs d'Amérique et nous livre un roman-botanique où la nature nous offre une part de ses histoires. On aime suivre l'histoire de Robert, tendre, attachant et de sa sœur Martha, douce et sensible... on aime détester Sadie. Un roman profondément humain, sincère qui mélange personnages historiques et fictifs. A l'orée du verger est une pépite d'or qui vous faut dénicher chez vos libraires adorés, il vous fera voyager dans les paysages de la côte Ouest et vous tomberez sous le charme de ces habitants où l'océan est la dernière frontière. Un roman avec la famille comme coeur véritable, une satyre moderne de ces nouveaux dompteurs de paysages.
L'important travail que l'auteur a fait sur la nature m'a rappelé que les espaces américains sont à couper le souffle. Parmi mes préférés, on retrouve Sequoias Park en Californie. J'ai eu la chance de le visiter il y a deux ans. Il ne s'agit pas du parc mentionné dans le roman mais cela peut vous donner une idée de ces arbres majestueux et vertigineux.
Grâce à la webzine Onirik, j'ai remporté lors d'un concours ce roman dédicacé par l'auteur ! Je n'en reviens toujours pas. Merci du fond du coeur.
17 commentaires
A voir tes avis, je me dit qu'il faut vraiment que je redécouvre cette auteur. A l'heure actuelle, je n'ai lu qu'un seul de ses ouvrages mais j'en avais gardé un très bon souvenir.
RépondreSupprimerJ'adore la plume de Tracy Chevalier et vraiment chaque ouvrage est un voyage plaisant
SupprimerUn roman très tentant :)
RépondreSupprimerJe te le conseille vivement.
SupprimerMerci beaucoup pour cette belle LC <3
RépondreSupprimerEt BRAVO pour ce magnifique article ! Je suis toujours épatée par la qualité de tes billets !
J'espère avoir le plaisir de faire à nouveau une LC avec toi !
J'étais ravie de faire une LC avec toi <3 Oui, il faut qu'on s'organise une autre LC ;)
SupprimerTa chronique est superbe, tout comme les paysages que tu nous présentes! J'ai découvert Tracy Chevalier il y a peu, et j'en suis déjà devenue fan. Ce livre fait partie de mes prochaines acquisitions :)
RépondreSupprimerMerci Angee ! Je te le conseille vivement :) Un vrai plaisir de lecture :)
SupprimerJe n'ai pas lu non plus La jeune fille à la perle (pour la même raison que toi, apparemment, j'en ai trop entendu parler), mais par contre je n'aurais rien contre l'idée de découvrir l'auteure. Pourquoi pas avec ce bouquin, du coup ? Surtout que tu le vends carrément bien !
RépondreSupprimerJe ne peux que te le conseiller, je l'ai adoré même si j'ai eu une préférence pour La jeune fille à la perle
SupprimerJ'ai beaucoup aimé ce livre :)
RépondreSupprimerComme je te comprends ;)
SupprimerCe commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerTa chronique me donne très envie de lire ce roman !:) Je n'ai pas encore lu de livre de cette auteure, mais après un avis comme celui-ci, il faut vite que j'y remédie !
RépondreSupprimerOui ! Je te conseille vivement ce roman :) Merci beaucoup ;)
RépondreSupprimerCoucou Natacha, j'ai enfin lu un livre de Tracy Chevalier : la dernière fugitive. D'ailleurs je parle de toi dans mon billet. Merci pour la découverte.
RépondreSupprimerJ'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture :)
RépondreSupprimer