Jane Austen est un peu l'équivalent littéraire d'une rock star, elle est devenue une icône de la plume et fait les beaux jours des éditeurs, des produits dérivés. Un auteur phénomène qui passionne des milliers de lecteur(trice)s à travers le monde - les Janéites. Un amour de l'anglaise qui se traduit par des blogs, des romans qui s'inspirent de ses oeuvres. On appelle d'ailleurs ce genre de romans de l' Austenerie, j'avoue être passé un peu à coté du phénomène mais lorsque Marie-Laure Sébire m'a proposé de lire son livre qui se voulait comme une interprétation de la suite d' Orgueil et Préjugés, je n'ai pas hésité ! Je la remercie encore pour la proposition et l'envoi de son oeuvre.

Marie-Laure Sébire { Chiado } 2015 558 pages { langue française } 14 euros En refermant le livre ou quand se termine le film « Orgueil et Préjugés » on se demande: “Et après?" Jane Austen laissa en germe mille conflits, mille aventures dans une Angleterre en pleine mutation et dans un monde où les distances s'amenuisent au fil des années. Tout en respectant les personnages magistralement décrits par la grande dame de la littérature anglaise et même si vous n'avez pas lu son livre, l'auteur vous emmènera à Pemberley, la merveilleuse maison des Darcy où naquit une histoire d'amour qui passionna des générations. Vous verrez comment les difficultés mal enfouies se surmontent... ou non et comment les membres des générations futures seront tantôt acteurs de cette nouvelle ère qui s'ouvre à eux, tantôt victimes d'une société qui voit menacé son mode de vie ancestral.

"In vain have I struggled. It will not do. My feelings will not be repressed. You must allow me to tell you how ardently I admire and love you." - Darcy Orgueil et Préjugés
Quels sont les secrets de cette nature domptée par la main de l’homme, de cette bâtisse plongée dans l’ombre de ces chênes ancestraux, résistant au temps et accueillant en son sein des générations d’hommes et de femmes ?
Orgueil et Préjugés est une histoire passionnante qui nous permet de rencontrer l’intrépide Elizabeth Bennett et l’impudent Mister Darcy. Un couple uni par un amour sincère qui s’est construit sous les yeux des lecteurs après quelques scènes romantiques, des tirades acerbes à Pemberley et ailleurs.
Pemberley, ce domaine dont les portes se sont fermés au public il y a plusieurs siècles sous la plume de Jane Austen, laissant aux lecteurs uniquement leur imagination et l’espoir ô combien ardent qu’un jour ... Pemberley nous ouvre une nouvelle fois ses portes.

Le temps a passé, l’amour pour l’auteure n’a pas désempli, il s’est même renforcé notamment grâce aux adaptations télévisées de la dernière décennie. L’univers « Austenien » inonde nos librairies avec des réécritures, des inspirations de diverses qualités . Marie-Laure Sébire, a eu le courage de mettre des mots après ce point final, réanimant ainsi l’âme des habitants de la célèbre demeure.

Chroniques de Pemberley commence là où s’arrête Orgueil et Préjugés, on ne retrouve pas que le couple d’amoureux mais toute la société. Loin d’idéaliser le futur de nos personnages, Marie-Laure Sébire s’attache à les faire évoluer de concert avec le contexte social, historique de l’époque.
Sur plus de cinq cents pages le lecteur va suivre le cours des vies de Lizzy, de Darcy mais aussi des autres personnages que l’on croise dans Orgueil et Préjugés. Des destins vont nous surprendre, d’autres nous chagriner. L’auteur a su saisir le trait caractéristique d’un personnage et elle nous propose un destin assez logique aux idées défendues par ce dernier. Rien n’est laissé au hasard. Par exemple, j’ai apprécié suivre la destinée de Georgina. Mais Chroniques de Pemberley, n’est pas seulement les retrouvailles avec des hommes et des femmes que nous connaissons ; c’est aussi la rencontre avec le futur de nos personnages.
C’est d’ailleurs dans la nouvelle génération des Darcy que j’ai trouvé des personnages attachants comme la solitaire Victoria, l’aventureux Cédric, son cousin William et mon petit préféré le calme Lawrence. De nouveaux personnages qui assurent un avenir différent à Pemberley et au fond change l’histoire d’Orgueil et Préjugés.
J’ai été attendrie par le couple Darcy, le ciment de l’histoire. La famille évolue avec la société. Darcy représente cette vieille Angleterre alors que ses enfants, l’avenir. On sent le changement s’amorcer.
Finalement, Pemberley est le témoin silencieux de ces hommes et de ces femmes qui jouent leur futur. Il est l’âme immortelle d’une famille qui s’est aimée de génération en génération. Une proximité avec les personnages que nous aimons qui m’a fait verser ma petite larme plusieurs fois au cours de ma lecture.

Chroniques de Pemberley n’est pas un roman parfait, j’ai notamment été agacée par les « ch éri(e) » à foison que nous trouvons dans les cents premières pages et j’avoue que le personnage que j’ai moins apprécié est Elizabeth. Elle a perdu de son esprit fougueux, celui d’une jeunesse qu’elle incarnait.

Toutefois, Marie-Laure Sébire a su se saisir de l’essence du mythique roman pour nous livrer sa propre histoire. Le style est plus moderne mais Chroniques de Pemberley est une brillante suite. Je ne peux que conseiller ce roman, un vrai délice pour les amoureux de Jane Austen mais aussi pour ceux qui souhaiteraient découvrir une fresque familiale dans l’Angleterre du XIXe siècle.